«Voyages en Suisse»
Victor Hugo a visité la Suisse à cinq reprises, entre 1825 et 1884, mais c’est essentiellement le court voyage qu’il y a fait en 1839 qui a le plus marqué son œuvre. En effet, plusieurs des grandes lettres constituant le récit de voyage publié en 1842, chez Delloye, sous le titre Le Rhin, ont trait à son passage en terres helvétiques et comprennent de pittoresques descriptions de certaines grandes villes suisses. D’autres pages de la même époque, plus ou moins développées, ne trouvèrent pas d’utilisation immédiate et restèrent dans les papiers du poète ; elles ne furent publiées qu’à titre posthume, en 1890, dans Alpes et Pyrénées.
Sous le titre non hugolien des Voyages en Suisse, on trouvera ici l’ensemble de ces textes, regroupés selon l’ordre chronologique du voyage de 1839. Se donne ainsi à voir l’image globale d’un événement qui a compté pour beaucoup dans la vie du poète et qui a contribué à enrichir sa conscience et son inconscient d’une foule d’images qui résumaient (d’avance) pour lui la nature romantique.
Cette édition reprend le volume publié par L’Âge d’Homme en 1982, ainsi que l’introduction de Pierre-Olivier Walzer qui l’avait conçu. Il comprend de ce fait aussi les notes, succinctes, datant d’un nouveau séjour que Hugo a fait en Suisse en 1869, à l’occasion du Congrès de la Paix de Lausanne.
Plus d'info →«La poudre de sourire»
Depuis son village d’Évolène, niché au cœur du val d’Hérens, Marie Métrailler livre un récit touchant sur le Valais d’autrefois. Avec discernement, mêlant sagesse et malice, elle évoque ses souvenirs : la rudesse de la vie rurale, les coutumes et les légendes locales, la religion, mais également son enfance, son quotidien de tisserande autodidacte dans un contexte économique autarcique, sa condition dans une région et à une époque où l’autonomie des femmes est quasiment inexistante. De son récit se dégage aussi son grand attachement au patois, à l’artisanat et aux valeurs terriennes.
Ce témoignage est le fruit de nombreux entretiens recueillis par la journaliste et écrivaine Marie-Magdeleine Brumagne dès l’été 1974 et jusqu’à la mort de Marie Métrailler, au printemps 1979. Il a été publié pour la première fois à titre posthume en 1980.
Cette édition est accompagnée d’une préface inédite de Federica Tamarozzi, conservatrice du département Europe au Musée d’ethnographie de Genève.
Plus d'info →«Hermine Blanche et autres nouvelles»
Un chauffeur de bus à la recherche d’une solution radicale pour se débarrasser d’un passager qui le gêne, des enfants livrés à eux-mêmes dans un orphelinat, des amoureux transis, une femme-objet, un petit garçon dont toutes les sœurs s’appellent Marie, ou encore une fillette qui laisse s’échapper son esprit-hermine blanche… En vingt-neuf nouvelles et autant d’atmosphères et de personnages, Noëlle Revaz décortique les moments charnières de l’existence, que son œil ironique transforme avec humour en contes délicatement acérés.
Publiés dans la collection « Blanche » de Gallimard en 2017, ces textes au ton extrêmement varié démontrent toute la singularité de l’écriture et de la vision de leur auteure. Ils sont introduits ici par une préface inédite de l’écrivain Ivan Farron.
Plus d'info →«Quand les nuages poursuivent les corneilles»
Roman voudrait être heureux et avoir du succès. Il se contenterait de respirer l’odeur du tilleul, de suivre la course des nuages, de partager avec sa bien-aimée les minuscules événements qui ponctuent son existence dans la grande ville du nord, Berlin. Mais la réalité se rappelle sans cesse à lui. Comment satisfaire aux exigences de ses proches qui lui demandent de mettre fin à leurs jours ? Comment pallier les soucis financiers ? Et comment intéresser les milieux artistiques à ses projets de théâtre ou de cinéma ? Roman ne manque pas d’idées – utopiques, baroques, poétiques – que la vie s’empresse de pulvériser. Avec humour et affection, Matthias Zschokke regarde son héros se débattre dans la banalité d’un quotidien où l’étrangeté se tient toujours tapie, prête à surgir. Roman est un cousin germain de Plume de Henri Michaux.
Isabelle Rüf
Quand les nuages poursuivent les corneilles a été publié pour la première fois en français en 2018 par les Éditions Zoé dans une traduction signée de la journaliste Isabelle Rüf. Cette nouvelle édition reprend la traduction originale ; elle est accompagnée d’une préface inédite de la traductrice.
Plus d'info →«Les aventures d’un jeune Suisse en Californie»
Fils de pasteur, Théophile de Rutté quitte son pays à l’âge de vingt ans pour aller travailler à Rio de Janeiro. Il reste trois ans au Brésil, mais son esprit aventureux rêve de participer à cette ruée vers l’or dont on parle tant. Il s’embarque alors sur un trois-mâts et débarque six mois plus tard à San Francisco où, parmi les trappeurs, les chercheurs d’or et les aventuriers de toute espèce, il rencontre le fameux colonel John Sutter, son compatriote, dont Blaise Cendrars immortalisera la mémoire.
Pour l’or, de Rutté arrive trop tard. Toutefois, il comprend rapidement qu’il y a beaucoup à gagner avec cette population avide de dépenser ; il s’installe donc comme négociant importateur. Grâce à Sutter et malgré son jeune âge, il est nommé consul de Suisse pour la Californie et l’Oregon. Il ouvre une succursale à Sacramento et manque de peu de périr noyé dans l’inondation de 1850. Après avoir subi une série de catastrophes, de Rutté choisit de rentrer en Europe ; il s’y marie et s’installe à Bordeaux, où il ouvre une agence d’assurances maritimes.
Publiée par Buchet-Chastel en 1979, cette autobiographie est présentée dans cette nouvelle édition par Emmanuelle Paccaud, chercheuse à l’université de Lausanne.
Plus d'info →«La marche du Loup»
« Deux autres éclairs, immobiles, et fixes et ronds, à quelques mètres, dans le noir immédiat, derrière la fontaine. Wolfgang les a vus. C’est un regard. Lui et une bête, un loup, se fixent sans bouger. Un grand loup noir et un enfant mince avec des cheveux rouges. L’enfant sourit. Le loup peut-être – mais qui sait comment c’est, un sourire de loup ? »
En l’an mille, un enfant roux et muet qui vit parmi les loups va rencontrer les hommes. Il devient Loup rouge et chef de bande, et à travers lui, ce sont tous les rapports humains, complexes et violents à la fois, qui sont donnés à voir. Geste médiévale, conte cruel, roman d’aventures, récit fantastique, La marche du Loup entremêle le quotidien et la fable pour nous emporter dans un tourbillon d’aventures hallucinantes, à la manière des grands récits fondateurs de l’imaginaire humain.
Publié pour la première fois par les Éditions Encre Fraîche en 2004, La marche du Loup est accompagné dans cette nouvelle édition d’une préface inédite de l’écrivain Isaac Pante.
Plus d'info →«Voyages et aventures du docteur Festus»
«Ce fut par un temps radieux que le docteur Festus mit ses gants de peau de daim pour commencer son grand voyage d’instruction. Le gant de la main gauche péta au moment où le pouce en forçait les parois ; aussitôt le docteur Festus en tira un présage, selon la pratique des anciens dans laquelle il était très versé.
En effet, le docteur Festus savait tout ce qui s’apprend au moyen des livres, qu’il lisait dans vingt-deux langues, à l’instar de Pic de la Mirandole. Il ne lui manquait donc plus, pour mourir parfaitement savant, que d’avoir vu le monde, et c’est ce qui lui porta à entreprendre son grand voyage d’instruction…»
Voyages et aventures du docteur Festus est un récit publié en 1840; Töpffer réalise à partir de la même intrigue une «histoire en estampes» (dessinée en 1829), qu’il autographie et publie en 1840 également. Cette édition est accompagnée de quelques illustrations et d’une préface inédite de Philippe Kaenel, professeur d’histoire de l’art à l’université de Lausanne.
Plus d'info →«Si le soleil ne revenait pas»
Si le soleil ne revenait pas: que se passerait-il? Le vieil Anzévui, prophète de malheur, a sorti de son grimoire la plus funeste des prédictions. À Saint-Martin d’En Haut, où déjà le soleil, l’hiver, n’apparaît guère, on ne le verra plus cette année. Optimistes, pessimistes, rebelles, résignés, tous les villageois se sentent concernés. Car si le soleil ne revient pas, la vie s’arrête. Ce serait comme un hiver qui n’aurait pas son printemps, comme si ce versant de montagne, en plein Valais, ne ressortait plus jamais de sa neige et de sa nuit.
Quelques jeunes personnes vont agir pour que le soleil revienne: Isabelle ira au-devant de lui et fera entendre son rire; Jean soufflera dans son cornet de berger; Métrailler tirera treize coups de fusil. Les vieilles femmes du village l’admettront: Il semble bien qu’il se soit trompé. La lumière aura une nouvelle fois triomphé des ténèbres, et le printemps aura terrassé le bonhomme hiver qui ressemble de plus en plus au vieil Anzévui trouvé mort dans son fauteuil…
Cette édition est accompagnée d’une préface inédite de Melina Staubitz.
Plus d'info →«Amours au Palais Wilson»
Chroniques légères, nouvelles ironiques, récits spirituels et portraits cocasses : vous trouverez dans ce recueil tout ce qui fait le charme de Pierre Girard. Sous sa plume à la fois satirique, raffinée et fantaisiste, l’expérience la plus ordinaire devient soudain féérique et merveilleuse. Par son ton unique et son imagination singulière, cet écrivain discret est une des figures les plus attachantes de la littérature romande du XXe siècle.
Plus d'info →«Les esprits de la terre»
Les esprits de la terre raconte la spoliation – matérielle et affective – d’un personnage, César, héritier indésirable et marginal d’une lignée de propriétaires terriens vaudois. En face de lui, sa terrible belle sœur, « Madame », qui règne sur le château familial au bord du Léman, incarne l’avidité et la soif de pouvoir. Ce duel où interviennent de nombreuses autres figures, tantôt veules, tantôt aimantes, est retracé dans un récit envoûtant à la composition audacieuse, où le grotesque alterne avec des moments de grand lyrisme.
Plus d'info →«Un souvenir de Solférino» suivi de «L’avenir sanglant»
1859 : Henry Dunant voyage en Lombardie dans l’espoir de rencontrer Napoléon III, occupé à chasser les Autrichiens hors de la région. À la place de l’Empereur, c’est l’horreur qu’il découvre aux abords d’un champ de bataille. Il ne s’en remettra pas. En 1862, Un souvenir de Solférino révélera crûment au monde la réalité de la guerre. Ce livre conduira à la création de la Croix-Rouge et à la première Convention de Genève.
Trente ans plus tard, Dunant revient sur la guerre, mais par un autre côté. Ce ne sont plus seulement ses conséquences qui le révoltent – morts, blessés, prisonniers – mais, en amont, ses champions, ses responsables, ses bénéficiaires. La foi humanitaire fait place au credo pacifiste: c’est le manuscrit saisissant de L’avenir sanglant.
Présentés en ordre chronologique, ces textes permettent de suivre la formidable évolution de la pensée d’Henry Dunant. Ils sont introduits et commentés par Corinne Chaponnière, auteure de la biographie Henry Dunant. La croix d’un homme (Labor et Fides, 2018). Une préface de Denis de Rougemont, rédigée en 1969, a été conservée en postface.
Plus d'info →«Le roi d’Olten»
Ce recueil de brefs récits, parus dans la presse alémanique entre 2002 et 2009, offre une plongée surprenante dans la cité soleuroise d’Olten, l’un des nœuds ferroviaires les plus importants de Suisse. D’une plume drôle et tendre à la fois, Alex Capus y dépeint le cadre dans lequel il vit depuis son plus jeune âge : la beauté de la gare, le fumet de l’usine de chocolat, les joies de la piscine municipale, les industriels qui délocalisent, et surtout, Toulouse, un chat noir et blanc auquel aucune porte de la Vieille Ville ne résiste. Entre souvenirs des jeunes années et anecdotes tirées de sa vie d’adulte, Alex Capus exprime ici tout l’amour qu’il porte à cette petite ville méconnue – et souvent mal aimée – et à ses concitoyens.
Plus d'info →«Giacumbert Nau»
«Son nom était Giacumbert, et c’est par la même lettre que commençaient les noms des pâturages dont il avait la charge.» Dans les montagnes du canton des Grisons, tout à l’est de la Suisse, dans une de ces hautes vallées alpines dont la langue est le romanche, Giacumbert Nau travaille comme berger. Il est de ce fait un exclu au sein du microcosme où il vit. Solitaire, méfiant à l’égard des villageois qui l’exploitent, il garde ses brebis sur des alpages qui sont son refuge, d’où il contemple les pentes herbeuses en méditant sur l’évolution de la société grisonne : le monde rural se meurt, les terrains sont bradés, le tourisme menace l’identité des autochtones… Mais les journées de Giacumbert Nau ne sont pas que tristesse et désolation : il y a aussi l’attachement aux bêtes, la beauté de la nature, et l’amour d’Albertine – autant d’éléments qui font que la vie vaut d’être vécue.
Plus d'info →«Éléments d’un songe»
Les Éléments d’un songe se présentent comme une suite de variations dont le thème initial est emprunté à L’Homme sans qualités de Robert Musil. À la suite de cet écrivain, grand rêveur en quête d’états parfaits à même de faire oublier la laideur de la vie et l’horreur de la mort, mystique sans Dieu, passionné de la nature, Jaccottet – qui l’a traduit – cherche à son tour les solutions qui permettent de vivre, suivant un élan poétique et philosophique tout à la fois.
L’itinéraire que l’auteur parcourt frappe par la noblesse de ses vues et par l’honnêteté foncière de sa démarche, dont l’extrême exigence dépasse le pessimisme pour exprimer une ambition trop haute peut-être, mais qui ne désespère pas de s’accomplir.
Plus d'info →«Boulevard des Philosophes»
Georges Haldas a dit un jour que prendre conscience de sa relation au père et à la mère, c’est clarifier ses rapports avec soi-même et avec les autres. C’est ce qu’il a tenté de faire avec Boulevard des Philosophes, d’une part, et avec Chronique de la rue Saint-Ours, de l’autre – deux livres en vérité indissociables. Dans le premier, il brosse de son père, mort trente ans plus tôt, un portrait fondé sur ses souvenirs d’enfance. Par son implication personnelle, le narrateur fait ainsi, indirectement, son propre portrait. La figure paternelle, par ailleurs, est forcément en lien avec notre propre découverte du monde : mieux vaut alors, selon l’auteur, comprendre le père plutôt que le tuer, si on veut savoir qui on est et pouvoir se situer parmi les hommes.
Livre de liberté et de fraternité, Boulevard des Philosophes s’adresse à tous et ouvre un chemin en chacun, en écho à la phrase de Pascal citée en exergue : «Toute la suite des hommes n’est qu’un seul homme, qui subsiste toujours.»
Plus d'info →«Poèmes choisis»
Alice de Chambrier est une figure majeure pour quiconque s’intéresse à l’histoire du romantisme et à ses retombées hors de France. Avec un décalage temporel qui s’explique par la position excentrée du cadre où elle est élevée et où elle écrit, la jeune écrivaine neuchâteloise met ses pas dans ceux des grands créateurs qui ont révolutionné la poésie française à partir des années 1820, à commencer par Lamartine et Victor Hugo, le maître vénéré rencontré à Paris en mai 1881.
Les sujets abordés par Alice de Chambrier témoignent, dans leur variété, de sa sensibilité à l’effervescence thématique et formelle qui caractérise la littérature de son temps. Elle apparaît ainsi comme une des dernières incarnations du mouvement romantique, au moment où le naturalisme commence à s’affirmer, et comme un cas unique dans le paysage littéraire de Suisse romande.
Plus d'info →«L’année de l’avalanche»
Un village enneigé dans une vallée tessinoise isolée : tout près d’ici, et en même temps en dehors du temps. La nature maternelle est troublée par un crépitement à peine audible, qui pourrait tourner à l’effondrement, devenir apocalypse : c’est l’avalanche, suspendue à la montagne comme une malédiction. Il faudra quitter les maisons, évacuer les lieux, partir ailleurs. Les habitants s’en vont, après avoir résisté le plus longtemps possible ; ils abandonnent le «bois sacré», les vieux dans les cimetières, le superbe paysage alpestre rendu plus parfait encore par cette neige pourtant menaçante. Le narrateur aussi change d’horizon : il goûte à la ville et à ses saveurs, tout en cherchant à épancher la secrète obsession amoureuse née dans le silence du village, et à s’ouvrir à une nouvelle vie.
Plus d'info →«L’enfant secret»
Nora et Antonio sillonnent l’Italie sur les traces d’un homme politique sortant de l’ordinaire : Benito Mussolini, dont Antonio devient le photographe attitré. Émilie et Julien vivent à Nyon, sur La Côte vaudoise, et rêvent depuis toujours d’ouvrir une auberge de campagne. Les deux couples ne se connaissent pas. Ils ne parlent pas la même langue. Ils n’ont pas les mêmes rêves. Mais leurs destins vont se croiser, puis s’épouser au cours de la première moitié du XXe siècle que le récit retrace au fil d’une envoûtante «remontée du temps».
Plus d'info →«L’araignée noire» suivi de «Le déluge en Emmental»
L’œuvre littéraire de Jeremias Gotthelf, dans laquelle il exprime ses préoccupations civiques et sociales, est souvent lue dans une perspective qui accentue son caractère contextuel, voire régional. Mais L’araignée noire et Le déluge en Emmental échappent à cette vision réductrice. Dans L’araignée noire, l’écrivain aborde un sujet de portée universelle en explorant les réactions de tout un village face à une invasion d’araignées qui déciment peu à peu les habitants. Le caractère fantastique de la nouvelle n’empêche pas Gotthelf d’étudier les réactions de ses pairs pour en tirer la leçon, comme il le fait, en partant de l’évocation d’une catastrophe bien réelle, dans Le déluge en Emmental.
Plus d'info →«Entretien d’un sentimental avec son mur»
«Je suis un sentimental. C’est une sorte de faiblesse, je sais, une sorte de maladie, je sais. Vous en riez ; vous pouvez bien en rire, ça m’est complètement égal. Je ne suis pas un mou, je ne suis pas un lâche, je ne crois pas, je suis seulement un sentimental : je n’aime pas les murs. C’est un défaut, je sais, mais je n’ai pas le choix. Je n’aime pas les murs. Je ne dis pas les vieux murs […] non, je dis les murs que certains croient bon de dresser entre eux et moi, entre eux et vous, entre eux et eux, et ces murs-là sont de béton, lisses et inaltérables, ils ne se laissent entamer par rien, c’est du moins ce qu’ils prétendent, il leur faut ça pour se protéger, c’est du moins ce qu’ils croient ; moi je les soupçonne d’être plus fragiles et plus faibles que moi, je suis un sentimental pourtant, tenez, je me demande si derrière leur mur, à chaque fois, ce ne serait pas par hasard un sentimental qui se cache et se réfugie.»
Plus d'info →«Portrait de l’auteur en femme ordinaire»
À l’aube de la quarantaine, Anne Cuneo, alors maman d’une fillette de neuf ans, apprend qu’elle est atteinte d’une maladie qui pourrait lui être fatale. Elle-même a perdu son père alors qu’elle n’était qu’une enfant, et a toujours regretté de ne pas l’avoir mieux connu ; elle décide donc de raconter sa jeunesse et de retracer son cheminement intérieur afin que sa fille, si un jour elle en éprouve le besoin, puisse comprendre cette mère qui risque de s’en aller trop tôt. Remontant aux sources de son éveil à la conscience, l’auteure évoque sa vie en Lombardie dans une famille bourgeoise, puis sa condition d’immigrée en Suisse, revenant sur un parcours marqué par la discrimination mais aussi par la conquête de l’émancipation.
Plus d'info →«Florides helvètes et autres textes»
Bien que né à Genève, Charles-Albert Cingria détestait qu’on fît de lui un écrivain prisonnier de frontières nationales. Savourant le plaisir d’exister en n’importe quel endroit du monde, il exerce partout sa faculté de sentir. «Je ne puis vous dire ce que j’aime les rues, s’exclame-t-il. Dans toutes les villes, mais surtout celle-ci.» Celle-ci, c’est Genève ; mais le constat vaut pour tout espace, urbain ou naturel, propice à la promenade telle que Cingria la conçoit, à savoir une découverte permanente du merveilleux au sein du quotidien, et une occasion constante de réconciliation avec le monde. Sont réunis ici trois témoignages majeurs de ce regard singulier : Florides helvètes, Impressions d’un passant à Lausanne et Musiques de Fribourg.
Plus d'info →«La confession du pasteur Burg»
La confession du pasteur Burg est un récit de neige et de feu. Car la faute obsède, au pays de Calvin. Le sentiment de culpabilité taraude les âmes et les cœurs. Il est le plus souvent lié à la chair, objet d’angoisse et de fascination : Geneviève. La vocation métaphysique, d’autre part, ou sa plus naturelle intuition, rend plus aigu, plus érodant, l’effet de l’introspection. Jean Burg se manifestera-t-il en vengeur ?
Mais Geneviève révèle et change : elle est, au sens propre, celle qui annonce, l’évangéliste s’incarnant enfin au regard du juge médusé. La médiation de Geneviève gomme toute faute, le péché cède, s’efface, disparaît. Et c’est précisément à cet instant que le récit se crispe, que le drame se mue en tragédie et bascule dans l’immolation.
Jacques Chessex
Plus d'info →« La succession difficile »
Lorsque David Boller apprend que ses parents, juifs, ont tenté de se réfugier en Suisse avant d’être victimes des nazis, il se met en quête de réponses, dans une Suisse marquée par la Guerre froide.
En 1965, quand paraît La succession difficile (Piper Verlag, Munich), le scandale est immense : Walter Matthias Diggelmann, écrivain engagé, a osé en effet dénoncer l’influence de certains milieux politiques et économiques qui ne reculent devant rien pour préserver leurs intérêts. Ce roman ne se limite toutefois pas à la critique politique et sa force toujours actuelle réside dans l’exploration par l’auteur des tensions entre engagement politique, intérêts économiques et conscience personnelle : une exploration plus que jamais indispensable.
Publié en français en 1969 aux Éditions Rencontre, à Lausanne, La succession difficile reprend ici la traduction d’Éric Schaer. Cette nouvelle édition est accompagnée d’une préface inédite d’Alain Clavien, professeur honoraire d’histoire contemporaine à l’université de Fribourg.
Plus d'info →« L’homme anguille et autres chroniques »
Les chroniques présentées ici sont issues du Fantasque, journal créé par John Petit-Senn en 1832 et qui appartient à la tradition satirique si populaire au XIXe siècle. Fines et ironiques, désabusées parfois, les chroniques du Fantasque reflètent les mœurs d’une époque dont les travers sont encore souvent les nôtres.
L’humour de John Petit-Senn, tout comme celui de son contemporain Rodolphe Töpffer, est un concentré d’esprit, servi par une perspicacité et une originalité qui révèlent une vraie profondeur.
Les textes rassemblés ici sont issus de l’édition intégrale des chroniques de John Petit-Senn réunies par Bernard Lescaze, parue aux Éditions L’Âge d’homme en 2008 sous le titre Chroniques du Fantasque et autres textes. La présente édition est préfacée par Daniel Maggetti, professeur à l’université de Lausanne et directeur du Centre des littératures en Suisse romande.
Plus d'info →« Lettres d’un voyageur russe en Suisse »
Entre 1789 et 1790, Nikolaï Karamzine, gentilhomme russe de vingt-trois ans, parcourt une Europe en plein bouleversements, dont le moindre n’est pas la Révolution française. Sentimental, curieux de tout, Karamzine s’intéresse autant aux mouvements de société qu’aux paysages et aux costumes traditionnels des régions qu’il traverse, aux grands esprits de son temps qu’aux humeurs des aubergistes.
À son retour en Russie, il imagine une correspondance factice entre le narrateur (double fictionnel de l’auteur) et ses amis, créant ainsi, à partir de son voyage réel, une œuvre littéraire originale. Publiées entre 1791 et 1801, ces Lettres d’un voyageur russe vont le rendre célèbre.
La présente édition regroupe les Lettres consacrées à la Suisse, sur la base de l’édition intégrale publiée aux Éditions de l’Institut d’études slaves et de L’Inventaire en 2022, dans la traduction de Rodolphe Baudin, professeur de littérature russe à la Sorbonne. Elle est accompagnée d’une préface inédite du traducteur, ainsi que de ses annotations.
Plus d'info →« Petit précis d’émerveillement. Poèmes 1970-2016 »
Qu’aucun échouage n’arrête
cette frêle barque de mots
sur laquelle joyeux
je rame et je fredonne
pour te faire deux cadeaux : cette lumière
qu’ici je vois en écrivant
et son souvenir.
Petit précis d’émerveillement. Poèmes 1970-2016 : au fil des pages se dévoile sur plus de quarante ans l’œuvre légère et profonde, spontanée et emplie de sagesse, humble et sublime d’Aurelio Buletti.
Cette anthologie inédite, préparée et traduite par Christian Viredaz, réunit des poèmes dont certains trouvent ici leur première traduction en français. Rare panorama embrassant l’intégralité de l’œuvre d’Aurelio Buletti, Petit précis d’émerveillement. Poèmes 1970-2016 est présenté en édition bilingue, avec une préface de Yari Bernasconi, poète et écrivain.
Plus d'info →«La vaisselle des évêques»
Au temps de la Réforme, menacé par la vindicte de la population vaudoise devenue protestante, un évêque fuit son château de la rive suisse du Léman. Il emporte avec lui des richesses dont son bateau ne peut soutenir le poids : il est alors contraint de se délester de sa vaisselle d’or, et depuis lors – raconte la légende – le Diable invite chaque Vendredi Saint les prélats de la région à partager avec lui, au fond du lac, un repas servi dans la « vaisselle des évêques ».
À la fin des années 1950, Pierre a dix-sept ans et cherche à fuir ses parents. Avec Denis, qui a le goût de l’aventure, ils s’installent dans le château des évêques, rebaptisé les Faverges et dont les propriétaires ruinés louent les appartements. Resté seul après le départ de Denis au service militaire, Pierre rencontre Hélène, qui lui fait découvrir la passion, ses illusions et la mesquinerie d’un monde petit-bourgeois où l’argent détient le seul vrai pouvoir.
Éducation sentimentale et hommage aux paysages lémaniques, La vaisselle des évêques a été publié pour la première fois dans la collection « Blanche » de Gallimard en 1959. Il est accompagné dans cette nouvelle édition par une préface inédite de l’écrivain et critique Guy Poitry.
Plus d'info →«Le roseau pensotant», suivi de «Avant la grande réforme de l’an 2000»
« Depuis le jour où j’ai perdu mon idée, j’ai toujours un calepin et un crayon dans ma poche. Et, quand l’Esprit m’a fait l’insigne honneur de me visiter, je traduis immédiatement, avec les pauvres mots du langage humain, la vérité fulgurante et fugitive qui a brillé une seconde dans la nuit de mon cerveau. Ces visites sont rares et infiniment brèves. Mais, bon an mal an, la précaution que je prends me procure une idée par semaine (quelques fois deux) ».
De l’utilité d’avoir deux jambes à la recherche de son « soi », armé d’une plume ravageuse, Henri Roorda s’attaque à des sujets triviaux pour mieux relever les travers de son temps. Le succès de ses courts billets, publiés dans la presse, le pousse en 1923 à en réunir une sélection sous le titre Le roseau pensotant. En 1925, il met sa verve au service de l’enfance et d’une éducation plus intelligente dans Avant la grande réforme de l’an 2000. Cent ans plus tard, ses réflexions sans concession conservent toute leur pertinence et leur fraîcheur.
Publiés en 2003 par les éditions L’Âge d’homme, Le roseau pensotant et Avant la grande réforme de l’an 2000 sont accompagnés dans cette nouvelle édition d’une préface inédite de Gilles Losseroy, maître de conférences à l’université de Lorraine.
Henri Roorda van Eysinga (1870-1925), fils d’un fonctionnaire colonial néerlandais exilé en Suisse, a été toute sa vie maître de mathématiques. Pédagogue libertaire, humoriste sarcastique, il a publié plusieurs essais et collaboré comme chroniqueur à différents journaux. Son rire masque élégamment une vision désespérée de la vie qui l’a conduit à mettre fin à ses jours, non sans s’en expliquer dans Mon suicide.
Plus d'info →« La terre est l’oreille de l’ours. Une célébration du Vivant »
D’après les Altaïens, l’ours n’a qu’à poser son oreille contre la terre pour tout apprendre, principalement l’hiver, quand il règne dans la taïga un silence glacé. « La terre est l’oreille de l’ours », disent les Uriangkhaï.
Marqué par son premier contact, douze ans plutôt, avec la forêt subarctique, Jil Silberstein décide de se livrer aux mystères des futaies qui s’élancent plus près de chez lui, de poser son oreille contre cette terre, d’apprendre au contact de cet univers animal et végétal. Durant trois ans, il consigne dans ses carnets l’infinie richesse de la nature, approfondit son rapport au monde, se remémore d’autres expériences, au Canada, parmi les Indiens, et prend la mesure de la folie techniciste de notre civilisation. C’est l’émerveillement pourtant qui prédomine, devant le miracle et la polyphonie du Vivant.
Publiés en 2012 par les éditions Noir sur Blanc, La terre est l’oreille de l’ours. Une célébration du Vivant est accompagné dans cette nouvelle édition d’une préface inédite de Geneviève Erard, professeure au Lycée-collège de l’Abbaye de St-Maurice et modératrice culturelle.
Plus d'info →« Exercices de lucidité. Arendt, Aron, Koestler, Kraus, Londres, Werth »
Comment penser de manière réellement individuelle, sans concession aux courants à la mode ? Comment questionner encore et encore, interpeler ses propres préjugés, et chercher à comprendre surtout, sans étouffer sous les voix dominantes ?
Le présent recueil de chroniques propose une réponse à ces interrogations essentielles, au travers de l’œuvre de Hanna Arendt, Raymond Aron, Arthur Koestler, Karl Kraus, Arthur Londres et Léon Werth.
Publiés dans diverses revues, réunis en volume pour la première fois, ces textes sont accompagnés d’une préface inédite d’Olivier Meuwly, écrivain et historien.
Plus d'info →« Les rescapés et autres poèmes »
Qui sont les « rescapés » d’où ce recueil tient son titre ? Ou plutôt, que sont-ils ? Des émotions, des réflexions, des observations saisies au vol, rendues intemporelles et universelles par la grâce de la poésie : si le poète dit « je », c’est de nous tous qu’il parle dans les quatre premiers cycles de cette œuvre (« Les rescapés », « Rappelez-moi votre nom », « L’amour par l’exemple » et « La maraude »). Ces suites de brèves évocations en vers courts sont couronnées par le dernier poème, formant à lui seul un cinquième et dernier cycle (« La poésie est toujours debout ») : c’est la poésie, et elle seule, qui sublime le quotidien.
Publié en 1984 aux Éditions de L’Aire, puis en 2006 dans le tome III de la Poésie intégrale d’Alexandre Voisard aux Éditions Campiche, Les rescapés et autres poèmes est ici précédé d’une préface inédite de Valery Rion, enseignant de français et d’histoire au Lycée cantonal de Porrentruy et doctorant à l’université de Neuchâtel.
Plus d'info →« L’habit fait le moine et autres nouvelles »
En 1874, Gottfried Keller ajoute un second tome aux Gens de Seldwyla, recueil de cinq nouvelles paru près de vingt ans plus tôt. Admirée par Nietzsche, cette œuvre vive et malicieuse, évocation en plusieurs épisodes d’une Suisse attachée à son passé et attirée par la modernité, ne sera pas traduite en français, dans son intégralité, avant 2020 (Les gens de Seldwyla, Éditions Zoé).
Les nouvelles ici réunies, « L’habit fait le moine », « Les lettres d’amour détournées » et « L’artisan de son bonheur », issues du second tome des Gens de Seldwyla, abordent un thème universel : les relations entre les hommes et les femmes. Et elles illustrent à merveille les caractéristiques de l’œuvre intemporelle de Gottfried Keller, entre ironie et tendresse, réalisme et parodie.
Publiées dans une traduction inédite de Claude Haenggli, ces trois nouvelles sont accompagnées dans la présente édition d’une préface du traducteur et d’une postface de Daniel Rothenbühler, critique littéraire et enseignant.
Plus d'info →« Croix de bois, croix de fer »
« Qu’est-ce que tu fais pour les autres ? me sermonnait sans cesse mon frère, convaincu que son chemin de vie était plus méritoire que le mien. C’est lui qui perpétuait la tradition missionnaire de la famille, il en était fier et ne manquait jamais une occasion de me reprocher de n’être ni médecin ni instituteur, même pas croyant ».
Historien et agnostique, le narrateur de ce récit est invité au colloque organisé en hommage à son frère, glorieux missionnaire décédé à quarante ans sur une route africaine. Dédaigné par une famille qui considère le sacrifice de soi comme la plus haute qualité humaine, cible récurrente de son aîné qui le jugeait infréquentable, il est bien décidé à troubler le concert des louanges et à dévoiler le vrai visage du défunt. Mais que pourra-t-il, face à l’admiration aveugle de l’assemblée et à ses propres souvenirs ?
Huis clos grinçant, Croix de bois, croix de fer explore toutes les nuances d’un monde où le Bien impose sa loi d’airain.
Publié en 2016 aux Éditions Grasset, ce texte est précédé ici d’une préface inédite de Maud Dubois, professeure à l’université de Neuchâtel.
Plus d'info →« Fleurs d’ombre »
« Depuis qu’elle était revenue, elle regardait les fleurs d’ombre. Elles se projetaient sur la paroi de son studio de banlieue, après l’école. La lumière passait à travers le rhododendron, le ficus, le clivia posés devant la fenêtre et dessinait leur ombre sur le crépi. Des fantômes, au lieu des faits du jour. »
Ainsi s’ouvre « Fleurs d’ombre », le dernier des courts récits de ce recueil empreint de la précise délicatesse d’Alberto Nessi. Confidences ou dialogues intérieurs, mélancolie ou traces de bonheur, autant d’instants que l’auteur suspend devant nous pour mieux en révéler la profondeur. Car les vies ordinaires n’ont rien d’ordinaire sous le regard fraternel de l’écrivain, qui s’approche des êtres pour les cerner jusqu’en leur cœur : « Une feuille pour combattre le mal, se dit l’homme. Une poésie. La kalachnikov disparaîtra de la vitrine du centre, je saurai regarder ma bien-aimée en face, toutes les statues décapitées retrouveront la tête et ce sera enfin le commencent d’une année nouvelle ».
Publié en 1997 en italien aux Éditions Casagrande, puis en 2001 aux Éditions de La Dogana, dans une traduction française de Christian Viredaz, Fleurs d’ombre a été couronné la même année par le Prix Lipp. La présente édition reprend la traduction de Christian Viredaz, et est accompagnée d’une préface inédite de Jérôme Meizoz, écrivain et professeur à l’université de Lausanne.
Plus d'info →« Les nuits sans fêtes »
« La peur grandissait en elle, et autre chose encore, déjà peut-être l’angoisse mystérieuse de sa joie. »
En huit nouvelles, ce recueil fait le portrait d’autant de femmes à un moment charnière de leur existence : huit mondes intérieurs bouleversés par le rêve et le désir et par leur face obscure, l’envie et l’insatisfaction.
De manière originale, lucide et subtile, Clarisse Francillon éclaire sans pathos, sans explication et encore moins de morale, ces moments où un grain de sable, une fêlure conspirent à nous faire baisser les bras, à décider « contre nous-mêmes ».
Publié en 1947 aux éditions L’Abbaye du livre, Les nuits sans fêtes est précédé dans cette nouvelle édition d’une préface inédite de Daniel Maggetti, professeur à l’université de Lausanne où il dirige le Centre des littératures en Suisse romande.
Plus d'info →« Heidi », suivi de « Encore Heidi »
Petite orpheline, Heidi est confiée à la garde d’un grand-père bourru, là-haut sur l’alpage. Elle se lie d’amitié avec Peter, le petit chevrier, et sa grand-mère, mais doit brusquement partir à la ville, en Allemagne, pour y rejoindre sa tante et tenir compagnie à une petite fille paralysée, Clara. L’amitié qui naîtra entre elles ne suffira pas à guérir Heidi de la nostalgie: ne supportant pas la vie citadine, elle tombe malade. Elle est autorisée à retourner chez son grand-père, mais Clara se voit ainsi enlever sa seule amie, et son état de santé décline à son tour. Que faire ? La réponse se trouve sur l’alpe…
Les histoires de Heidi, Peter et Clara ont été publiées en deux parties : la première en 1880, (Heidis Lehr-und Wanderjahre), la seconde en 1881 (Heidi kann brauchen, was es gelernt hat). Traduits la première fois en français par Camille Vidart, enseignante et féministe militante, ces deux tomes ont été publiés en 1882 aux éditions Georg, à Bâle. Réunis en un seul volume dans la présente édition, ils sont accompagnés d’une préface inédite d’Alain Bagnoud, écrivain.
Et pour mieux comprendre, au-delà de ces textes, comment Heidi est devenu un mythe, plongez dans l'enquête de Jean-Michel Wissmer, Enquête sur un mythe suisse qui a conquis le monde.
Plus d'info →« Nouvelles »
En 1944, trois ans avant le décès de Ramuz, paraît le recueil sobrement intitulé Nouvelles. Si le genre du récit bref avait servi à l'auteur de terrain d'expérimentation stylistique ou thématique, il devient ici le moyen d'exprimer l'essence de son œuvre. De sa plume âprement poétique, Ramuz concentre dans ces textes sa capacité à explorer les points de friction entre les hommes - et entre les hommes et la nature -, dans un mouvement qui transforme le circonstanciel en intemporel.
« Un vieux de campagne », « Le retour du mort », « Accident », « Le lac aux demoiselles », « Le père Antille », « Sécheresse », « La foire », « Conversation », « Pastorale » : les neuf nouvelles de la présente édition sont accompagnées d’une préface inédite d'Océane Guillemin, chargée de recherches au Centre des littératures en Suisse romande de l'université de Lausanne.
Plus d'info →« Mémoire des cellules »
Envoyé pour un reportage à la Biennale de Venise, Maximilien observe un public perplexe face à une installation monumentale de deux cent mille litres d’eau croupie. Commence alors son processus de « résistance » à l’art contemporain ; commence aussi, et surtout, un chassé-croisé entre Maximilien et lui-même, au fil d’une mémoire qu’il refuse.
Publié aux éditions L’Âge d’Homme en 2017, Mémoire des cellules, premier roman de Marc Agron, ouvre un triptyque intimiste où l’auteur interroge la mémoire et l’oubli. Il sera suivi par Carrousel du vent (2018) et Rêver d’Alma (2020), publiés chez le même éditeur. Mémoire des cellules est accompagné à nouveau, dans la présente édition, d’une préface de Michel Thévoz, écrivain, historien de l’art, philosophe et ancien directeur de la Collection de l’Art Brut à Lausanne.
Plus d'info →« Le gros poète »
Berlin, début des années 1990. Le gros poète rêve d’écrire le grand roman de la ville, dont le cœur bat tout autour de lui. Il vit dans le confort et l’aisance, il a un ami très cher à la campagne et une délicieuse maîtresse. Et il a Chaton, un petit être insatiable qui exige d’entendre quelque chose « de beau, si possible ». Le gros poète le voudrait bien, mais l’exigence est cruelle, car au fil des courtes histoires, vraies ou inventées, qu’il raconte à Chaton, transparaissent un monde en décadence et sa propre mélancolie.
Le gros poète a été publié pour la première fois en français aux Éditions Zoé en 2021, dans une traduction de la journaliste Isabelle Rüf. La présente édition reprend la traduction originale, et elle est accompagnée d’une préface inédite de la traductrice.
Plus d'info →« Tartarin sur les Alpes »
Voulant affirmer auprès de ses concitoyens une image héroïque quelque peu mise à mal, Tartarin quitte Tarascon, piolet système Kennedy à la main, pour affronter les rudes parois de la Jungfrau et du Mont-Blanc. Après tout, n’est-il pas le président du Club des Alpines, ces gentilles petites collines de sa région provençale ?
Après l’Afrique, c’est dans les Alpes qu’Alphonse Daudet entraîne son héros mythique, burlesque, naïf et hâbleur, pour des aventures qui égratignent au passage les touristes amateurs de sensations fortes – mais en trains et en palaces – qui ont remplacé, à la fin du XIXe siècle, les pionniers de l’exploration alpine.
Publié pour la première fois en 1885 aux Éditions Calmann-Lévy, Tartarin sur les Alpes est préfacé ici par Laurent Tissot, professeur émérite de l’université de Neuchâtel, spécialiste notamment de l’histoire des loisirs, du tourisme et de l’industrie en Suisse.
Plus d'info →« Le Hardi chez les Vaudois et autres histoires »
Hardi : « qui ose sans se laisser intimider ». C'est aussi l'autre surnom de Charles le Téméraire, qui décide en 1475 d’envahir le Pays de Vaud. De la geste des guerres de Bourgogne, Paul Budry extrait des épisodes restitués dans une perspective et sur un ton qui bouleversent les codes du récit historique. Dans le même esprit parodique et truculent, il revisite la Révolution française et la prise de Jéricho.
Les autres textes du recueil – Le crucifix, Ci-gît Duchoux, Le pasteur de Praz-Riond et La vengeance de Madame Panchaud – viennent illustrer par d’autres exemples le talent virtuose et l’humour d’un écrivain au style inimitable.
La présente édition reprend l’accompagnement critique conçu par Yves Gerhard pour la publication de ces textes, en 2009, aux Éditions L’Âge d’Homme, sur la base du tome I des Œuvres. Histoires – Artistes – Paysages de Paul Budry (Cahiers de la Renaissance vaudoise, Lausanne, 2000). Elle est également accompagnée d’une préface de Jacques Chessex, ainsi que d’illustrations de Charles Clément.
Plus d'info →« La Suisse inconnue »
Paris, fin du XIXe siècle. Voyageur infatigable, Parisien d’adoption, amoureux de son pays natal, Victor Tissot invite « ses lecteurs de France » à découvrir « sa » Suisse, loin des sentiers déjà battus par le tourisme. C’est de Paris qu’il nous entraîne vers les lointaines montagnes grisonnes, avant de traverser au retour les cantons du Valais et de Fribourg.
Au fil des anecdotes et rappels historiques, Victor Tissot dévoile sous nos yeux la mosaïque des traditions, des mœurs et des particularités qui forment la Suisse de son époque.
Publié pour la première fois en 1888 par Édouard Dentu Éditeur, La Suisse inconnue est accompagnée dans la présente édition d’une préface inédite d’Aurel Dewarrat, chercheur en histoire contemporaine à l’université de Fribourg et auteur d’un mémoire consacré à Victor Tissot.
Plus d'info →« Pages valaisannes »
« Si l’on ne trouve pas surnaturel l’ordinaire, à quoi bon survivre ? »
La fantaisie et les digressions de Charles-Albert Cingria nous emmènent, dans les trois récits rassemblés dans ce recueil, sur les sentiers de montagne du Valais. "Pendeloques alpestres", "Le parcours du Haut-Rhône" et "Ce pays qui est une vallée" sont autant d’occasion pour l’auteur d’exprimer son amour de la nature, de la marche et du vélo, et de laisser libre cours à son insatiable curiosité. Il entraîne avec lui le peintre Paul Monnier, dont les croquis pris sur le vif illustrent "Le parcours du Haut-Rhône".
Publiés pour la première fois entre 1929 et 1944, les trois textes réunis dans la présente édition sont accompagnés d’une préface originale d’Anne Marie Jaton, professeure émérite à l’université de Pise.
Plus d'info →« L’homme aux herbes »
Depuis des générations, la souffrance et la mort reculent devant les Colas, père et fils. Leur don s’hérite, il vient du fond des âges et d’une connaissance intime de la nature : la santé s’offre dans les fleurs, les feuilles, les tiges et les racines de cette haute vallée des Alpes.
Un jour surgit la route, puis l’automobile, puis le médecin diplômé, et désormais seules comptent ces nouveautés. De guérisseur, Colas est ravalé au rang de charlatan, et à son drame personnel s’ajoute celui de voir s’éteindre des connaissances millénaires.
Publié pour la première fois en 1980 aux Éditions Denoël, puis en 1983 aux Éditions L’Âge d’Homme, L’homme aux herbes est accompagné, dans la présente édition, d’une préface originale de Jacques Berchtold, professeur titulaire à l’université de Genève, directeur de la Fondation Bodmer et écrivain.
Plus d'info →« L’amour en bateau »
« La femme de ma vie ne peut être qu’un personnage fictif, une femme que j’inventerais à distance et qui m’inventerait de même. À chaque rencontre, nous porterions notre plus beau masque et notre amour deviendrait tel qu’il serait impensable de le ligoter dans le partage. Notre amour aurait l’intensité d’une trace et la légèreté d’une préférence. »
Et si tout n’est qu’apparence, un mari n’en vaudrait-il pas un autre ? À quai, deux bateaux attendent deux noces et leurs invités. La débandade de la fête qui approche sème la pagaille, le hasard sépare les mariés… C’est sur la reconstitution de cette journée folle que Jean-Bernard Vuillème lance son narrateur-enquêteur pour produire un délicieux et merveilleux roman sur l’amour, le mariage, et notre connaissance de nous-mêmes et des autres.
Publié aux Éditions Zoé en 1990, L’amour en bateau est précédé ici d’une préface inédite de Walter Tschopp, conservateur à la Fondation Atelier d’artistes, à Saint-Maurice (VS).
Plus d'info →« Les évincés »
Il est des textes inclassables. Au confluent de la littérature francophone et de l’art brut à ses balbutiements, Les évincés est de ceux-ci.
En 1905, Marc Christin, chroniqueur pour divers journaux en Suisse romande et à Paris, faussaire récidiviste, fréquent résident – par condamnation pénale – de l’asile de Cery à Lausanne, publie sous le pseudonyme de Francis Lemuel une autofiction sur son expérience en milieu asilaire : Les évincés.
Passionnant en lui-même, ce récit jamais réédité jusqu’à ce jour n’est pas seulement le témoignage d’un homme de lettres, mais également le résultat d’une approche alors nouvelle en psychiatrie : laisser s’exprimer les personnes internées pour mieux les comprendre, et mieux les traiter. L’art brut émerge peu à peu, et n’a pas encore de nom. Mais la rédaction des Évincés s’inscrit dans un contexte plus large encore : celui du combat pour une réforme des pratiques pénales, qui tiendrait compte de l’état psychique des accusés.
Littérature, psychiatrie, justice pénale, art brut… Marco Cicchini, docteur en histoire moderne à l’université de Genève, revient sur cette époque charnière qui a vu naître Les évincés, et sur le parcours rocambolesque de son auteur. Publiée en 2022 dans la revue Criminocorpus, l’étude qu’il a consacrée aux Évincés vient donner ici tout son relief aux « pages vécues » de Marc Christin.
Plus d'info →« Les chagrins magnifiques »
Nouvelles, poèmes, fables ou portraits ? Qu’importe. La liberté rare de perception et de plume de Christophe Gallaz nous emporte, en quarante-huit brefs textes, dans un monde essentiel et divers. Le soleil en pleine gloire, une table chargée de victuailles, un homme épiant les morts, un couple épuisé… autant de scènes qui interroge le sens de la vie, la vérité et les apparences, l’éternité. Un livre nourri de grâce qui dévoile, avec une force souvent bouleversante, la douloureuse passion d’exister.
Publié pour la première fois en 1986 aux Éditions Zoé, Les chagrins magnifiques est préfacé ici par Julien Burri, journaliste et écrivain.
Plus d'info →« Le fils du boulanger », suivi de « Les courtes fêtes »
De la campagne fribourgeoise à Paris, Netton Bosson promène un regard aigu sur le monde qui l’entoure, et peint dans Le fils du boulanger et Les courtes fêtes ce qui fait sa joie ou qui l’oppresse : des portraits nets et précis, qui échappent à l’anecdotisme grâce à l’humanité et la finesse de leur auteur.
Aux mots répondent les vingt-deux illustrations créées pour l’édition originale de ces deux textes par Netton Bosson, le peintre rejoignant le poète.
Parus respectivement en 1965 et en 1967 aux Éditions du Panorama à Bienne, puis en 2010 aux Éditions L’Âge d’Homme, Le fils du boulanger et Les courtes fêtes sont précédés dans la présente édition d’une préface inédite de Philippe Clerc, historien de l’art.
Plus d'info →« Dans les ténèbres »
Frédéric – alter ego de l’auteur – quitte l’Afrique et la Légion étrangère pour un avenir incertain à Paris, puis à Charleroi. Il y rencontre entre autres Andreas, à l’amour infini pour sa femme et sa terre ; Marcel, qui lutte pour un monde plus juste et plus libre ; Otto, malheureux en affaires ; et Madame Vandevelde, patronne rapace et mélomane d’une pension pour ouvrier. Entre ces êtres au destin choisi ou contrarié se dessine en creux le portrait d’un homme qui cherche à fuir le sien.
Paru en 1937 à Bâle aux éditions Gute Schriften, considéré par son auteur comme son écrit le plus important, Dans les ténèbres a été traduit pour la première fois en français par Claude Haenggli, et publié dans la collection « Poche Suisse » des Éditions L’Âge d’Homme en 2000. La présente édition, reprend la traduction de Claude Haenggli, révisée par ses soins et elle est accompagnée d’une préface inédite de la critique littéraire Christa Baumberger, spécialiste de l’œuvre de Glauser.
Plus d'info →«Le chien Tristan»
Roman policier insolite, roman de la beauté, contemplatif et musical, Le chien Tristan est d’abord le roman du romantisme. Volontairement cloîtrés au cœur de Rome, ses protagonistes «jouent» à s’identifier aux grands créateurs du XIXe siècle, Wagner, Liszt ou Nietzsche. Fous du génie qu’ils n’ont pas, ils sentent que le romantisme, bien plus qu’une exaltation de la passion, est une recherche passionnée d’une vérité à laquelle ils sacrifient leur bonheur. Hors de leur siècle, de leur pays et de toute certitude religieuse, placés devant l’évidence et l’effroi de l’existence, ces «inadaptés» sont pourtant l’image de l’homme contemporain, coupé du sacré, et n’osant plus s’avouer sa quête désespérée du Vrai. Confrontés à une femme qui refuse le rôle de sublime prétexte, ces personnages deviendront les rivaux pitoyables d’un être dont le regard détient la vérité sans la conscience : un chien, que sa maîtresse a nommé Tristan.
Plus d'info →« Tamangur »
« Quand tu retires tes lunettes, qu’est-ce que tu vois ?
- Toi, dans le brouillard, dit l’enfant.
- Exactement, dit la grand-mère, tu vois flou, et ça rend curieux. On se plonge dans l’image avec les yeux, nez en avant, on veut tout voir en détail. Les flous sont un ordre : regardes-y de plus près ! »
Dans un village au fond d’une vallée, une petite fille en deuil apprivoise l’absence et la solitude grâce à sa formidable grand-mère. Il y a aussi une artiste amoureuse, une couturière aux yeux de crocodile, les ruelles du village où trotte une chèvre vagabonde… Le quotidien n’est jamais très loin du rêve dans ce roman délicat et tout en nuances, empreint de poésie. Leta Semadeni s’inspire des paysages d’Engadine et revisite la mystérieuse forêt aux pouvoirs légendaires qui donne son titre au livre.
Publié en 2015 par Rotpunktverlag, ce premier récit de la poétesse Leta Semadeni a été traduit de l’allemand par Barbara Fontaine pour les Éditions Slatkine en 2019. La présente édition reprend cette traduction, accompagnée d’une préface inédite d’Aline Delacrétaz, spécialiste en politique culturelle.
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