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Le fils du boulanger, suivi de Les courtes fêtes

Netton Bosson

Préface : Clerc Philippe

Illustration : Bosson Netton

Mêlant textes et illustrations, Le fils du boulanger et Les courtes fêtes nous mettent dans les pas d’un peintre poète, entre Paris et la campagne suisse à la fin des années 1960.

De la campagne fribourgeoise à Paris, Netton Bosson promène un regard aigu sur le monde qui l’entoure, et peint dans Le fils du boulanger et Les courtes fêtes ce qui fait sa joie ou qui l’oppresse : des portraits nets et précis, qui échappent à l’anecdotisme grâce à l’humanité et la finesse de leur auteur.

 

Aux mots répondent les vingt-deux illustrations créées pour l’édition originale de ces deux textes par Netton Bosson, le peintre rejoignant le poète.

 

Parus respectivement en 1965 et en 1967 aux Éditions du Panorama à Bienne, puis en 2010 aux Éditions L’Âge d’Homme, Le fils du boulanger et Les courtes fêtes sont précédés dans la présente édition d’une préface inédite de Philippe Clerc, historien de l’art.

Auteur : Netton Bosson
Catégorie : littérature romande
Date de publication : 13 septembre 2024
Longueur : 192 pages
ISBN : 9782940775033

Format numérique :

PDF : 9782940775040

Epub : 9782940775057

Il est dix heures du matin en ce onze janvier mil neuf cent vingt-sept. Ignace Ardan, maître-boulanger à Farigny, pleure de vraies larmes. Grosses, salées, elles vont s’écraser sur la pâte qu’il est en train de souffler, cependant que le feu en bouche pétille dans le four.

Ignace emploie de bons fagots venus tout droit de Charmey, un village de montagne où le bois est dur et « chauffant ».

Ça flambe sec et il vous sort un de ces pains croustillants comme on n’en tâte plus guère de nos jours.

Pourquoi donc cet homme, maigre, dur à la tâche, droit comme un balai et galant comme tous les boulangers de l’époque qui visitaient leur clientèle féminine la hotte au dos et le pied sur la pédale, pourquoi donc cet homme pleurait-il ?

Bien sûr, le métier est pénible, la hotte lourde, les chemins enneigés, les grasses matinées rares, les chauds et froids journaliers. Il y a ce sacré carton à souliers où il range ses factures impayées, entre la boîte à bonbons et le moulin à café ; le toit de sa maison lui donne de légitimes inquiétudes car par grandes pluies et tempêtes il faut placer des seaux aux endroits stratégiques. Il y a ces salopes de souris qui vous trouent un bon sac de toile en un rien de temps alors qu’un matou flemmard comme pas deux se goberge à la cuisine ; les hypothèques, les échéances des Moulins et des Denrées Coloniales, oui, il y a bien des raisons de pleurer pour un petit boulanger !

Cependant rien de tout cela ne motivait les larmes de cet artisan. Il venait de descendre de la chambre exposée au midi et il avait un fils… un fils… et ce fils c’était moi.

Mais le pain demande autant de soins qu’un nouveau-né et c’est pourquoi, après avoir laissé ma mère à la garde de Mlle Joséphine, sage-femme de grand savoir, il était penché sur sa pâte, ajoutant le sel de ses larmes à celui qu’il y avait déjà mis auparavant.

Dieu que ça doit être beau de voir un boulanger, de joie, saler trop son pain ! Il en fut ainsi ce jour-là et je pense que jamais l’on n’en mangea de si bon au village de Farigny.

Auteur.e

Peintre et écrivain fribourgeois, Netton Bosson a créé une oeuvre protéiforme mêlant étroitement texte et illustrations.

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