« Qu’est-ce que tu fais pour les autres ? me sermonnait sans cesse mon frère, convaincu que son chemin de vie était plus méritoire que le mien. C’est lui qui perpétuait la tradition missionnaire de la famille, il en était fier et ne manquait jamais une occasion de me reprocher de n’être ni médecin ni instituteur, même pas croyant ».
Historien et agnostique, le narrateur de ce récit est invité au colloque organisé en hommage à son frère, glorieux missionnaire décédé à quarante ans sur une route africaine. Dédaigné par une famille qui considère le sacrifice de soi comme la plus haute qualité humaine, cible récurrente de son aîné qui le jugeait infréquentable, il est bien décidé à troubler le concert des louanges et à dévoiler le vrai visage du défunt. Mais que pourra-t-il, face à l’admiration aveugle de l’assemblée et à ses propres souvenirs ?
Huis clos grinçant, Croix de bois, croix de fer explore toutes les nuances d’un monde où le Bien impose sa loi d’airain.
Publié en 2016 aux Éditions Grasset, ce texte est précédé ici d’une préface inédite de Maud Dubois, professeure à l’université de Neuchâtel.
Comédie grinçante en huis clos, déclaration de guerre rageuse au déterminisme de la famille, Croix de bois, croix de fer, entre colère et nostalgie, révèle dans toutes ses nuances les coulisses d’un monde où la vertu devient objet d’orgueil.
Écrivain, épistémologue et docteur en psychologie, Thomas Sandoz (né en 1967) est l’auteur de romans, d’essais, de monographies et de nombreux articles de vulgarisation scientifique. Son œuvre a été récompensée par plusieurs distinctions, dont le Prix Schiller en 2011 pour « Même la terre » (Éditions Grasset), et une citation dans la Sélection de printemps du Prix Renaudot 2018 pour « La balade des perdus » (même éditeur).