«Son nom était Giacumbert, et c’est par la même lettre que commençaient les noms des pâturages dont il avait la charge.» Dans les montagnes du canton des Grisons, tout à l’est de la Suisse, dans une de ces hautes vallées alpines dont la langue est le romanche, Giacumbert Nau travaille comme berger. Il est de ce fait un exclu au sein du microcosme où il vit. Solitaire, méfiant à l’égard des villageois qui l’exploitent, il garde ses brebis sur des alpages qui sont son refuge, d’où il contemple les pentes herbeuses en méditant sur l’évolution de la société grisonne : le monde rural se meurt, les terrains sont bradés, le tourisme menace l’identité des autochtones… Mais les journées de Giacumbert Nau ne sont pas que tristesse et désolation : il y a aussi l’attachement aux bêtes, la beauté de la nature, et l’amour d’Albertine – autant d’éléments qui font que la vie vaut d’être vécue.
Ce récit, traduit du romanche sursilvan par Nicolas Quint, est augmenté dans cette édition d’une préface inédite du traducteur et écrivain Walter Rosselli.
Né en 1959, Leo Tuor a grandi à Rabius, un village de la Surselva, dans le canton des Grisons. Après des études de philosophie et de littérature, il se consacre à l’enseignement et a des travaux d’édition critique. Il a également exercé la profession de berger. Auteur de romans, d’essais et de nouvelles, il a reçu de nombreuses distinctions, dont le Prix Schiller en 2007.