Au temps de la Réforme, menacé par la vindicte de la population vaudoise devenue protestante, un évêque fuit son château de la rive suisse du Léman. Il emporte avec lui des richesses dont son bateau ne peut soutenir le poids : il est alors contraint de se délester de sa vaisselle d’or, et depuis lors – raconte la légende – le Diable invite chaque Vendredi Saint les prélats de la région à partager avec lui, au fond du lac, un repas servi dans la « vaisselle des évêques ».
À la fin des années 1950, Pierre a dix-sept ans et cherche à fuir ses parents. Avec Denis, qui a le goût de l’aventure, ils s’installent dans le château des évêques, rebaptisé les Faverges et dont les propriétaires ruinés louent les appartements. Resté seul après le départ de Denis au service militaire, Pierre rencontre Hélène, qui lui fait découvrir la passion, ses illusions et la mesquinerie d’un monde petit-bourgeois où l’argent détient le seul vrai pouvoir.
Éducation sentimentale et hommage aux paysages lémaniques, La vaisselle des évêques a été publié pour la première fois dans la collection « Blanche » de Gallimard en 1959. Il est accompagné dans cette nouvelle édition par une préface inédite de l’écrivain et critique Guy Poitry.
Récit d’une éducation sentimentale, La vaisselle des évêques est aussi une critique de la petite-bourgeoisie et une ode aux paysages lémaniques : la petitesse des agitations et des comportements humains y ressort d’autant plus vivement qu’elle se détache sur l’imperturbable beauté de la nature.
Né en 1914 dans le canton du Valais, mort à Paris en 1998, Georges Borgeaud est notamment l’auteur de romans dont les héros, marqués par la présence sensuelle de la nature, sont en quête de leur identité. Son œuvre a été couronnée de plusieurs prix littéraires, dont le Prix Renaudot en 1974 pour Le voyage à l’étranger, et le prix Médicis essai en 1987 pour Le soleil sur Aubiac.