«Les esprits de la terre»
Les esprits de la terre raconte la spoliation – matérielle et affective – d’un personnage, César, héritier indésirable et marginal d’une lignée de propriétaires terriens vaudois. En face de lui, sa terrible belle sœur, « Madame », qui règne sur le château familial au bord du Léman, incarne l’avidité et la soif de pouvoir. Ce duel où interviennent de nombreuses autres figures, tantôt veules, tantôt aimantes, est retracé dans un récit envoûtant à la composition audacieuse, où le grotesque alterne avec des moments de grand lyrisme.
Plus d'info →«Un souvenir de Solférino» suivi de «L’avenir sanglant»
1859 : Henry Dunant voyage en Lombardie dans l’espoir de rencontrer Napoléon III, occupé à chasser les Autrichiens hors de la région. À la place de l’Empereur, c’est l’horreur qu’il découvre aux abords d’un champ de bataille. Il ne s’en remettra pas. En 1862, Un souvenir de Solférino révélera crûment au monde la réalité de la guerre. Ce livre conduira à la création de la Croix-Rouge et à la première Convention de Genève.
Trente ans plus tard, Dunant revient sur la guerre, mais par un autre côté. Ce ne sont plus seulement ses conséquences qui le révoltent – morts, blessés, prisonniers – mais, en amont, ses champions, ses responsables, ses bénéficiaires. La foi humanitaire fait place au credo pacifiste: c’est le manuscrit saisissant de L’avenir sanglant.
Présentés en ordre chronologique, ces textes permettent de suivre la formidable évolution de la pensée d’Henry Dunant. Ils sont introduits et commentés par Corinne Chaponnière, auteure de la biographie Henry Dunant. La croix d’un homme (Labor et Fides, 2018). Une préface de Denis de Rougemont, rédigée en 1969, a été conservée en postface.
Plus d'info →«Le roi d’Olten»
Ce recueil de brefs récits, parus dans la presse alémanique entre 2002 et 2009, offre une plongée surprenante dans la cité soleuroise d’Olten, l’un des nœuds ferroviaires les plus importants de Suisse. D’une plume drôle et tendre à la fois, Alex Capus y dépeint le cadre dans lequel il vit depuis son plus jeune âge : la beauté de la gare, le fumet de l’usine de chocolat, les joies de la piscine municipale, les industriels qui délocalisent, et surtout, Toulouse, un chat noir et blanc auquel aucune porte de la Vieille Ville ne résiste. Entre souvenirs des jeunes années et anecdotes tirées de sa vie d’adulte, Alex Capus exprime ici tout l’amour qu’il porte à cette petite ville méconnue – et souvent mal aimée – et à ses concitoyens.
Plus d'info →«Boulevard des Philosophes»
Georges Haldas a dit un jour que prendre conscience de sa relation au père et à la mère, c’est clarifier ses rapports avec soi-même et avec les autres. C’est ce qu’il a tenté de faire avec Boulevard des Philosophes, d’une part, et avec Chronique de la rue Saint-Ours, de l’autre – deux livres en vérité indissociables. Dans le premier, il brosse de son père, mort trente ans plus tôt, un portrait fondé sur ses souvenirs d’enfance. Par son implication personnelle, le narrateur fait ainsi, indirectement, son propre portrait. La figure paternelle, par ailleurs, est forcément en lien avec notre propre découverte du monde : mieux vaut alors, selon l’auteur, comprendre le père plutôt que le tuer, si on veut savoir qui on est et pouvoir se situer parmi les hommes.
Livre de liberté et de fraternité, Boulevard des Philosophes s’adresse à tous et ouvre un chemin en chacun, en écho à la phrase de Pascal citée en exergue : «Toute la suite des hommes n’est qu’un seul homme, qui subsiste toujours.»
Plus d'info →«Poèmes choisis»
Alice de Chambrier est une figure majeure pour quiconque s’intéresse à l’histoire du romantisme et à ses retombées hors de France. Avec un décalage temporel qui s’explique par la position excentrée du cadre où elle est élevée et où elle écrit, la jeune écrivaine neuchâteloise met ses pas dans ceux des grands créateurs qui ont révolutionné la poésie française à partir des années 1820, à commencer par Lamartine et Victor Hugo, le maître vénéré rencontré à Paris en mai 1881.
Les sujets abordés par Alice de Chambrier témoignent, dans leur variété, de sa sensibilité à l’effervescence thématique et formelle qui caractérise la littérature de son temps. Elle apparaît ainsi comme une des dernières incarnations du mouvement romantique, au moment où le naturalisme commence à s’affirmer, et comme un cas unique dans le paysage littéraire de Suisse romande.
Plus d'info →«L’année de l’avalanche»
Un village enneigé dans une vallée tessinoise isolée : tout près d’ici, et en même temps en dehors du temps. La nature maternelle est troublée par un crépitement à peine audible, qui pourrait tourner à l’effondrement, devenir apocalypse : c’est l’avalanche, suspendue à la montagne comme une malédiction. Il faudra quitter les maisons, évacuer les lieux, partir ailleurs. Les habitants s’en vont, après avoir résisté le plus longtemps possible ; ils abandonnent le «bois sacré», les vieux dans les cimetières, le superbe paysage alpestre rendu plus parfait encore par cette neige pourtant menaçante. Le narrateur aussi change d’horizon : il goûte à la ville et à ses saveurs, tout en cherchant à épancher la secrète obsession amoureuse née dans le silence du village, et à s’ouvrir à une nouvelle vie.
Plus d'info →«L’enfant secret»
Nora et Antonio sillonnent l’Italie sur les traces d’un homme politique sortant de l’ordinaire : Benito Mussolini, dont Antonio devient le photographe attitré. Émilie et Julien vivent à Nyon, sur La Côte vaudoise, et rêvent depuis toujours d’ouvrir une auberge de campagne. Les deux couples ne se connaissent pas. Ils ne parlent pas la même langue. Ils n’ont pas les mêmes rêves. Mais leurs destins vont se croiser, puis s’épouser au cours de la première moitié du XXe siècle que le récit retrace au fil d’une envoûtante «remontée du temps».
Plus d'info →«La confession du pasteur Burg»
La confession du pasteur Burg est un récit de neige et de feu. Car la faute obsède, au pays de Calvin. Le sentiment de culpabilité taraude les âmes et les cœurs. Il est le plus souvent lié à la chair, objet d’angoisse et de fascination : Geneviève. La vocation métaphysique, d’autre part, ou sa plus naturelle intuition, rend plus aigu, plus érodant, l’effet de l’introspection. Jean Burg se manifestera-t-il en vengeur ?
Mais Geneviève révèle et change : elle est, au sens propre, celle qui annonce, l’évangéliste s’incarnant enfin au regard du juge médusé. La médiation de Geneviève gomme toute faute, le péché cède, s’efface, disparaît. Et c’est précisément à cet instant que le récit se crispe, que le drame se mue en tragédie et bascule dans l’immolation.
Jacques Chessex
Plus d'info →«Entretien d’un sentimental avec son mur»
«Je suis un sentimental. C’est une sorte de faiblesse, je sais, une sorte de maladie, je sais. Vous en riez ; vous pouvez bien en rire, ça m’est complètement égal. Je ne suis pas un mou, je ne suis pas un lâche, je ne crois pas, je suis seulement un sentimental : je n’aime pas les murs. C’est un défaut, je sais, mais je n’ai pas le choix. Je n’aime pas les murs. Je ne dis pas les vieux murs […] non, je dis les murs que certains croient bon de dresser entre eux et moi, entre eux et vous, entre eux et eux, et ces murs-là sont de béton, lisses et inaltérables, ils ne se laissent entamer par rien, c’est du moins ce qu’ils prétendent, il leur faut ça pour se protéger, c’est du moins ce qu’ils croient ; moi je les soupçonne d’être plus fragiles et plus faibles que moi, je suis un sentimental pourtant, tenez, je me demande si derrière leur mur, à chaque fois, ce ne serait pas par hasard un sentimental qui se cache et se réfugie.»
Plus d'info →«Portrait de l’auteur en femme ordinaire»
À l’aube de la quarantaine, Anne Cuneo, alors maman d’une fillette de neuf ans, apprend qu’elle est atteinte d’une maladie qui pourrait lui être fatale. Elle-même a perdu son père alors qu’elle n’était qu’une enfant, et a toujours regretté de ne pas l’avoir mieux connu ; elle décide donc de raconter sa jeunesse et de retracer son cheminement intérieur afin que sa fille, si un jour elle en éprouve le besoin, puisse comprendre cette mère qui risque de s’en aller trop tôt. Remontant aux sources de son éveil à la conscience, l’auteure évoque sa vie en Lombardie dans une famille bourgeoise, puis sa condition d’immigrée en Suisse, revenant sur un parcours marqué par la discrimination mais aussi par la conquête de l’émancipation.
Plus d'info →«Florides helvètes et autres textes»
Bien que né à Genève, Charles-Albert Cingria détestait qu’on fît de lui un écrivain prisonnier de frontières nationales. Savourant le plaisir d’exister en n’importe quel endroit du monde, il exerce partout sa faculté de sentir. «Je ne puis vous dire ce que j’aime les rues, s’exclame-t-il. Dans toutes les villes, mais surtout celle-ci.» Celle-ci, c’est Genève ; mais le constat vaut pour tout espace, urbain ou naturel, propice à la promenade telle que Cingria la conçoit, à savoir une découverte permanente du merveilleux au sein du quotidien, et une occasion constante de réconciliation avec le monde. Sont réunis ici trois témoignages majeurs de ce regard singulier : Florides helvètes, Impressions d’un passant à Lausanne et Musiques de Fribourg.
Plus d'info →«Le chien Tristan»
Roman policier insolite, roman de la beauté, contemplatif et musical, Le chien Tristan est d’abord le roman du romantisme. Volontairement cloîtrés au cœur de Rome, ses protagonistes «jouent» à s’identifier aux grands créateurs du XIXe siècle, Wagner, Liszt ou Nietzsche. Fous du génie qu’ils n’ont pas, ils sentent que le romantisme, bien plus qu’une exaltation de la passion, est une recherche passionnée d’une vérité à laquelle ils sacrifient leur bonheur. Hors de leur siècle, de leur pays et de toute certitude religieuse, placés devant l’évidence et l’effroi de l’existence, ces «inadaptés» sont pourtant l’image de l’homme contemporain, coupé du sacré, et n’osant plus s’avouer sa quête désespérée du Vrai. Confrontés à une femme qui refuse le rôle de sublime prétexte, ces personnages deviendront les rivaux pitoyables d’un être dont le regard détient la vérité sans la conscience : un chien, que sa maîtresse a nommé Tristan.
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