« Fleurs d’ombre »
« Depuis qu’elle était revenue, elle regardait les fleurs d’ombre. Elles se projetaient sur la paroi de son studio de banlieue, après l’école. La lumière passait à travers le rhododendron, le ficus, le clivia posés devant la fenêtre et dessinait leur ombre sur le crépi. Des fantômes, au lieu des faits du jour. »
Ainsi s’ouvre « Fleurs d’ombre », le dernier des courts récits de ce recueil empreint de la précise délicatesse d’Alberto Nessi. Confidences ou dialogues intérieurs, mélancolie ou traces de bonheur, autant d’instants que l’auteur suspend devant nous pour mieux en révéler la profondeur. Car les vies ordinaires n’ont rien d’ordinaire sous le regard fraternel de l’écrivain, qui s’approche des êtres pour les cerner jusqu’en leur cœur : « Une feuille pour combattre le mal, se dit l’homme. Une poésie. La kalachnikov disparaîtra de la vitrine du centre, je saurai regarder ma bien-aimée en face, toutes les statues décapitées retrouveront la tête et ce sera enfin le commencent d’une année nouvelle ».
Publié en 1997 en italien aux Éditions Casagrande, puis en 2001 aux Éditions de La Dogana, dans une traduction française de Christian Viredaz, Fleurs d’ombre a été couronné la même année par le Prix Lipp. La présente édition reprend la traduction de Christian Viredaz, et est accompagnée d’une préface inédite de Jérôme Meizoz, écrivain et professeur à l’université de Lausanne.
Plus d'info →«Le chien Tristan»
Roman policier insolite, roman de la beauté, contemplatif et musical, Le chien Tristan est d’abord le roman du romantisme. Volontairement cloîtrés au cœur de Rome, ses protagonistes «jouent» à s’identifier aux grands créateurs du XIXe siècle, Wagner, Liszt ou Nietzsche. Fous du génie qu’ils n’ont pas, ils sentent que le romantisme, bien plus qu’une exaltation de la passion, est une recherche passionnée d’une vérité à laquelle ils sacrifient leur bonheur. Hors de leur siècle, de leur pays et de toute certitude religieuse, placés devant l’évidence et l’effroi de l’existence, ces «inadaptés» sont pourtant l’image de l’homme contemporain, coupé du sacré, et n’osant plus s’avouer sa quête désespérée du Vrai. Confrontés à une femme qui refuse le rôle de sublime prétexte, ces personnages deviendront les rivaux pitoyables d’un être dont le regard détient la vérité sans la conscience : un chien, que sa maîtresse a nommé Tristan.
Plus d'info →« Mémoire des cellules »
Envoyé pour un reportage à la Biennale de Venise, Maximilien observe un public perplexe face à une installation monumentale de deux cent mille litres d’eau croupie. Commence alors son processus de « résistance » à l’art contemporain ; commence aussi, et surtout, un chassé-croisé entre Maximilien et lui-même, au fil d’une mémoire qu’il refuse.
Publié aux éditions L’Âge d’Homme en 2017, Mémoire des cellules, premier roman de Marc Agron, ouvre un triptyque intimiste où l’auteur interroge la mémoire et l’oubli. Il sera suivi par Carrousel du vent (2018) et Rêver d’Alma (2020), publiés chez le même éditeur. Mémoire des cellules est accompagné à nouveau, dans la présente édition, d’une préface de Michel Thévoz, écrivain, historien de l’art, philosophe et ancien directeur de la Collection de l’Art Brut à Lausanne.
Plus d'info →« Tartarin sur les Alpes »
Voulant affirmer auprès de ses concitoyens une image héroïque quelque peu mise à mal, Tartarin quitte Tarascon, piolet système Kennedy à la main, pour affronter les rudes parois de la Jungfrau et du Mont-Blanc. Après tout, n’est-il pas le président du Club des Alpines, ces gentilles petites collines de sa région provençale ?
Après l’Afrique, c’est dans les Alpes qu’Alphonse Daudet entraîne son héros mythique, burlesque, naïf et hâbleur, pour des aventures qui égratignent au passage les touristes amateurs de sensations fortes – mais en trains et en palaces – qui ont remplacé, à la fin du XIXe siècle, les pionniers de l’exploration alpine.
Publié pour la première fois en 1885 aux Éditions Calmann-Lévy, Tartarin sur les Alpes est préfacé ici par Laurent Tissot, professeur émérite de l’université de Neuchâtel, spécialiste notamment de l’histoire des loisirs, du tourisme et de l’industrie en Suisse.
Plus d'info →« Le Hardi chez les Vaudois et autres histoires »
Hardi : « qui ose sans se laisser intimider ». C'est aussi l'autre surnom de Charles le Téméraire, qui décide en 1475 d’envahir le Pays de Vaud. De la geste des guerres de Bourgogne, Paul Budry extrait des épisodes restitués dans une perspective et sur un ton qui bouleversent les codes du récit historique. Dans le même esprit parodique et truculent, il revisite la Révolution française et la prise de Jéricho.
Les autres textes du recueil – Le crucifix, Ci-gît Duchoux, Le pasteur de Praz-Riond et La vengeance de Madame Panchaud – viennent illustrer par d’autres exemples le talent virtuose et l’humour d’un écrivain au style inimitable.
La présente édition reprend l’accompagnement critique conçu par Yves Gerhard pour la publication de ces textes, en 2009, aux Éditions L’Âge d’Homme, sur la base du tome I des Œuvres. Histoires – Artistes – Paysages de Paul Budry (Cahiers de la Renaissance vaudoise, Lausanne, 2000). Elle est également accompagnée d’une préface de Jacques Chessex, ainsi que d’illustrations de Charles Clément.
Plus d'info →« La Suisse inconnue »
Paris, fin du XIXe siècle. Voyageur infatigable, Parisien d’adoption, amoureux de son pays natal, Victor Tissot invite « ses lecteurs de France » à découvrir « sa » Suisse, loin des sentiers déjà battus par le tourisme. C’est de Paris qu’il nous entraîne vers les lointaines montagnes grisonnes, avant de traverser au retour les cantons du Valais et de Fribourg.
Au fil des anecdotes et rappels historiques, Victor Tissot dévoile sous nos yeux la mosaïque des traditions, des mœurs et des particularités qui forment la Suisse de son époque.
Publié pour la première fois en 1888 par Édouard Dentu Éditeur, La Suisse inconnue est accompagnée dans la présente édition d’une préface inédite d’Aurel Dewarrat, chercheur en histoire contemporaine à l’université de Fribourg et auteur d’un mémoire consacré à Victor Tissot.
Plus d'info →« Pages valaisannes »
« Si l’on ne trouve pas surnaturel l’ordinaire, à quoi bon survivre ? »
La fantaisie et les digressions de Charles-Albert Cingria nous emmènent, dans les trois récits rassemblés dans ce recueil, sur les sentiers de montagne du Valais. "Pendeloques alpestres", "Le parcours du Haut-Rhône" et "Ce pays qui est une vallée" sont autant d’occasion pour l’auteur d’exprimer son amour de la nature, de la marche et du vélo, et de laisser libre cours à son insatiable curiosité. Il entraîne avec lui le peintre Paul Monnier, dont les croquis pris sur le vif illustrent "Le parcours du Haut-Rhône".
Publiés pour la première fois entre 1929 et 1944, les trois textes réunis dans la présente édition sont accompagnés d’une préface originale d’Anne Marie Jaton, professeure émérite à l’université de Pise.
Plus d'info →« Les évincés »
Il est des textes inclassables. Au confluent de la littérature francophone et de l’art brut à ses balbutiements, Les évincés est de ceux-ci.
En 1905, Marc Christin, chroniqueur pour divers journaux en Suisse romande et à Paris, faussaire récidiviste, fréquent résident – par condamnation pénale – de l’asile de Cery à Lausanne, publie sous le pseudonyme de Francis Lemuel une autofiction sur son expérience en milieu asilaire : Les évincés.
Passionnant en lui-même, ce récit jamais réédité jusqu’à ce jour n’est pas seulement le témoignage d’un homme de lettres, mais également le résultat d’une approche alors nouvelle en psychiatrie : laisser s’exprimer les personnes internées pour mieux les comprendre, et mieux les traiter. L’art brut émerge peu à peu, et n’a pas encore de nom. Mais la rédaction des Évincés s’inscrit dans un contexte plus large encore : celui du combat pour une réforme des pratiques pénales, qui tiendrait compte de l’état psychique des accusés.
Littérature, psychiatrie, justice pénale, art brut… Marco Cicchini, docteur en histoire moderne à l’université de Genève, revient sur cette époque charnière qui a vu naître Les évincés, et sur le parcours rocambolesque de son auteur. Publiée en 2022 dans la revue Criminocorpus, l’étude qu’il a consacrée aux Évincés vient donner ici tout son relief aux « pages vécues » de Marc Christin.
Plus d'info →« Les chagrins magnifiques »
Nouvelles, poèmes, fables ou portraits ? Qu’importe. La liberté rare de perception et de plume de Christophe Gallaz nous emporte, en quarante-huit brefs textes, dans un monde essentiel et divers. Le soleil en pleine gloire, une table chargée de victuailles, un homme épiant les morts, un couple épuisé… autant de scènes qui interroge le sens de la vie, la vérité et les apparences, l’éternité. Un livre nourri de grâce qui dévoile, avec une force souvent bouleversante, la douloureuse passion d’exister.
Publié pour la première fois en 1986 aux Éditions Zoé, Les chagrins magnifiques est préfacé ici par Julien Burri, journaliste et écrivain.
Plus d'info →« Dans les ténèbres »
Frédéric – alter ego de l’auteur – quitte l’Afrique et la Légion étrangère pour un avenir incertain à Paris, puis à Charleroi. Il y rencontre entre autres Andreas, à l’amour infini pour sa femme et sa terre ; Marcel, qui lutte pour un monde plus juste et plus libre ; Otto, malheureux en affaires ; et Madame Vandevelde, patronne rapace et mélomane d’une pension pour ouvrier. Entre ces êtres au destin choisi ou contrarié se dessine en creux le portrait d’un homme qui cherche à fuir le sien.
Paru en 1937 à Bâle aux éditions Gute Schriften, considéré par son auteur comme son écrit le plus important, Dans les ténèbres a été traduit pour la première fois en français par Claude Haenggli, et publié dans la collection « Poche Suisse » des Éditions L’Âge d’Homme en 2000. La présente édition, reprend la traduction de Claude Haenggli, révisée par ses soins et elle est accompagnée d’une préface inédite de la critique littéraire Christa Baumberger, spécialiste de l’œuvre de Glauser.
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